A l’évocation du menu du petit-déjeuner, les amateurs de
tradition resteront volontiers sous la couette. Que ne rateront-ils pas ?
Oranges fraîchement pressées, croissants au beurre encore tout chaud d’être à
peine sortis de la boulangerie, yaourt à la confiture de fraises du jardin de
mamie... ? Ils auraient pourtant tort de préférer ce réveil gourmand à
celui que sert l’équipe du Breakfast-club.
Allumez votre radio.
Dégustez.
Avec Radiostars,
Romain Lévy surprend agréablement. Après Les 11 commandements (2001), Cyprien
(2009) et Coursier (2010), le cinéaste semble vouloir faire vœux de bon
goût, et ce même s’il met la malbouffe en avant, sans la condamner. Mcdonald’s, M&M’s, Crunch, Coca-Cola
et autres boissons énergétiques s’invitent à la table de la bande des
animateurs du Breakfast-club, la « matinale »
de la station de radio Blast.fm.
Le terme de malbouffe n’a donc, en l’occurrence, rien de
péjoratif. Vecteur de communication, la nourriture proscrite par le programme
« manger bouger », pour ses propriétés anti-nutritionnelles, est présentée
comme possibilité de faire communauté. Si de belles histoires commencent lors d’une
soirée bien arrosée pour se poursuivre autour d’un apéro-Coca, tout se termine
devant un Mac Morning. De l’un à
l’autre, l’équipe du Breakfast-club
échange et touche les gens. Et si l’on se réconcilie dans une salle d’hôpital,
c’est que le malade visité eut la bonne idée de faire une overdose de boisson
à base de d’hormones animales. Car l’excès, certes condamné, ne laisse pour
autant pas place à l’éloge de l’équilibre. La seule nourriture saine portée à
l’écran sépare. Il faudra quitter l’entourage du plateau de crudités pour que
des hommes se trouvent un commun, autour d’un plateau fast-food.
Si la nourriture rassemble, c’est qu’elle est, dans Radiostars, un véritable vecteur de
communication. Exit la lettre de rupture. Dans un mot inscrit sur des bonbons
qui fondent dans la bouche et pas dans la main, Ben (Douglas Attal) se voit relayé au statut de
« Loser » par son ex-petite
amie. Ici, la parole est une denrée
comestible. Élémentaire, nous en avons besoin pour vivre, tel Arnold (Clovis Cornillac) admettant
que son travail d’animateur radio, c’est toute sa vie.
De fait le nom de
l’émission est-il en accord avec son créneau horaire, investissant ainsi d’emblée
une relation alimentaire à l’auditoire des breakfasteurs.
Capables de se faire tatouer le nom d’une marque de gâteaux apéritifs sur le
front, ils ne sont pas que de simples consommateurs chiffrés par des taux
d’audiences. Humanisés, ils le sont grâce au face à face instauré avec le Breakfast-Club, investi dans une tournée
estivale à travers la France.
Radiostars dépasse
le discours marketing des quelques denrées et autres marques plus ou moins
visiblement reconnaissables. Faire sien
et s’approprier les gens, comme la nourriture, est une démarche essentielle,
dans un film qui ose la recette du « chococcino » – version revisitée
du capuccino –, ou qui donne l’opportunité à un amateur de hamburger de se
faire cuistot d’un soir dans la cuisine d’un fast-food.
Ce dernier film de Romain Lévy est une curiosité
anti-culinaire à voir. Loin de proposer aux cuisiniers en mal
d’inspiration de quoi se satisfaire avec la recette du « chocuccino », Radiostars contentera les spectateurs de cinéma décomplexés sur le menu fast-food autour duquel ils se retrouveront,
à plusieurs, pour refaire le film.