lundi 9 avril 2012

A la recherche du sens perdu...

    • Prenez un monde.
    • Mettez-y des hommes et des femmes.
    • Mélangez.
    • Enlevez-leur, progressivement, l’odorat, le goût, l’ouïe puis la vue.
    • Servez dans la solitude et le noir total d’une salle de cinéma.

     
    Perfect Sens est une de ces douceurs cinématographiques dont la rareté nous fait apprécier la saveur exceptionnelle de films emprunts d’une poésie qui ne rime pas avec ennui.

    Contempler les choses, s’appesantir sur les êtres, ressentir le monde… que de beaux projets dont l’ambition n’est que trop souvent malmenée par des cinéastes qui plantent leur caméra et attendent que ça pousse.
    Les amateurs de graines germées ne seront donc pas les seuls à apprécier la petite cuisine de David Mackenzie. Avec un synopsis a priori propice à une cuisine indigeste, trop lourde et noyée par des sentiments bien gras, le cinéaste nous sert une salade composée rafraîchissante.
    Certes monochrome, tout l’intérêt de ce hors-d’œuvre réside dans une sauce qui, liant les différents ingrédients, exalte des saveurs ô combien particulières. Ni salée, ni sucrée, elle n’atteint des pointes d’acidité que dans son aigreur. Le mélange laisse en bouche un parfum suranné à l’envie de choses simples. De fait, ce film ne rassasie pas, au contraire, il mettrait plutôt en appétit, nous laissant avec comme un besoin de Free hugs. Si vous êtes seul, n’hésitez pas à serrer votre inconnu de voisin dans vos bras. Il n'attend que ça.

    Dans un monde en proie à une pandémie, les hommes et les femmes atteints par un mal incurable perdent progressivement leurs sens. Pour mettre en image ce processus, Perfect Sens développe l’expérience métamorphique autour de notre relation à ce que nous mangeons, rappelant ainsi que tous nos sens sont mis à contribution lors d’un repas. L’odorat étant lié au goût, comment profiter d'un plat sans pouvoir en apprécier les parfums ? Comment, même, continuer à faire du repas un moment de délectation sans plaisir gustatif ? Textures, sonorités et visuels attractifs sont repensés par Michael (Ewan McGregor), pour les clients du restaurant gastronomique dans lequel il défend la bonne cuisine et le goût simple de bons produits. L’acte de se nourrir ne doit pas devenir une pure nécessité. Bien au contraire, Michael le transforme en un moment d’échanges avec l’autre, où l’on aime à manger dans un cadre agréable, pour se laisser servir, prendre son temps, contempler la personne assise en face de soi…

    Au fil de la perte des sens, Perfect Sens se penche donc successivement sur tous les plaisirs que peut susciter la prise d’un repas. Ode à la redécouverte, dans la dissection de notre relation à l'assiette, ce film de David Mackenzie interroge notre façon de percevoir le monde et l'Autre.
    Il suffit de fermer les yeux ; goûter la quiétude d'être au monde.
      
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    2 commentaires:

    1. Quelle ôde aux sens, à la relation aux plats, aux autres, au Monde ! Je découvre en plus un film pour lequel j'étais passé à côté !

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