Mon premier souvenir culinaire est un souvenir de cinéma. Les
premiers biscuits chocolatés préparés avec ma maman, dans la cuisine à la
grande table bleue, étaient recouverts d’un papier alimentaire à l’effigie de personnages Disney. Regarder
une aventure de Mickey me rappelle toujours quelques effluves de chocolat
légèrement vanillé. Et vice versa.
Depuis toute petite, faire la cuisine et bien manger sont
liés à l’idée de raconter ou se laisser conter une histoire. Se laisser porter par un scénario et se
prendre au jeu d’une mise en scène.
Dernière mise en scène à laquelle je me suis prêtée, c’est
celle du "Brunch printanier" de L’atelier des Chefs Paris Péclet.
Sans suspense, le déroulé du film était annoncé. Avec une
séance de 2 heures débutant à 9h30, le synopsis indiquait :
- Œuf cocotte, tombée d'épinards, émulsion mascarpone et tomates séchées ;
- Œuf cocotte, fricassée d'asperges et morilles ;
- Fondue de chocolat noir grand cru, fruits de saison ;
- Mini-burger au saumon fumé, fromage frais et cresson ;
- Pancake fraise, basilic et sirop d'érable ;
- Cocotte de pommes de terre grenailles, champignons et plancha de bacon.
Je m’attendais donc à suivre et appliquer ces recettes en
compagnie d’une quarantaine d’inconnus et sous la direction d’un chef, L’atelier
des Chefs proposant des cours de cuisine collectifs.
Le film réservait pourtant quelques rebondissements. Dispersés
sur cinq stands, il s’agissait d’être autant acteurs que spectateurs des
performances des chefs qui, de derrière leurs plans de travail, proposaient
tantôt de découper des fraises, hacher du cresson ou râper des asperges. Préparé
à l’avance, le plus gros des appareils étaient prêts à être déposés dans les œufs,
sur des petits pains ou autres pancakes chauds ; le siphon était
rempli de l’émulsion au mascarpone et la poche à douille de Philadelphia assoupli avec du
lait et assaisonné au piment d’Espelette. Au fond de la cuisine, une cocotte mijotait, pleine du mélange pommes de terre, champignons et pois gourmands. A côté,
la plancha chaude permettait de griller du bacon tandis que le chocolat,
à température, attendait que l’on y trempe mangue, banane, pomme, kiwi, ananas
mûres à souhait.
Sous le regard et les conseils des chefs, les petits commis d'une matinée allaient librement d’un atelier à l’autre, et ce à volonté. Entre
chaque mini-séance improvisée à la demande, quelques tables permettaient de s’asseoir,
déguster et se désaltérer. Nous étions, finalement, les metteurs en scène de
notre propre brunch.
J’ai donc moins participé à la réalisation en tant que telle
des recettes proposées que ce que j’avais pu me l’imaginer. J’ai, cependant, davantage
utilisé ma fourchette – au grand damne de mon estomac, en total désaccord avec
ma tendance, très prononcée, à la gourmandise. La formule resta donc ludique, agréable et intéressante car, il
faut avouer que, les mets proposés me réservèrent quelques
découvertes gustatives. De même, la performance des chefs est à saluer, veillant à
répondre aux multiples questions sur les secrets de réalisation de chaque
recette.
Le scénario de ce "Brunch printanier" s’avéra donc être à écrire, la production ayant seulement eu le soin d’apporter le
cadre, le sujet et les éléments vecteurs d'une bonne histoire.
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